Alain Allemand

Alain Allemand
Victoria Ammoniac 01
La peinture acrylique

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Gisèle Haan-Archipoff
Botanique et Biologie Végétale
l’Université de Strasbourg

Victoria amazonica (Poepp.) J.C. Sowerby, Nymphaeaceae, le plus grand nénuphar du monde! Initialement nommé Victoria regia Lindl., en l’honneur de la reine Victoria qui venait d’accéder au trône (en 1837).

Cette espèce aquatique est originaire des bassins du fleuve Amazone. Ses feuilles peuvent atteindre 3m de diamètre, formant d’immenses plateaux, flottant paisiblement à la surface des bassins (les anglais les nomment “tea tray”). La face supérieure est verte, lisse, brillante, recouverte d’une cire sur laquelle l’eau glisse… A l’inverse, la face inférieure n’a rien de lisse et révèle une architecture remarquable! Un réseau de côtes protubérantes, rigides, rayonnent depuis le pétiole de la feuille, le centre du plateau. Ces côtes sont renforcées par de multiples rayons transversaux.

La structure du tissu qui compose la feuille est elle-même étonnante, de nombreuses lacunes aérifères, comme des “vides” remplis d’air, optimisent la flottaison. Tout cet ensemble assure souplesse, résistance et stabilité à ces immenses feuilles. La serre dodécagonale, ou “Victoria Haus”, rebaptisé “Serre de Bary”, a été construite pour accueillir le nénuphar géant. Sa structure vitrée, à douze côtés, abrite un grand bassin rond dédié à la culture et l’épanouissement du royal nénuphar.

L’architecte s’est-il inspiré de la fascinante structure de la face inférieure de ces feuilles pour élaborer cette structure de verre et de métal? Ronde comme une feuille de Victoria, mais 12 côtés, 12 “côtes” de métal à la fois légères et solides, comme les côtes rigides lignifiées qui sous-tendent la feuille? Verre transparent comme l’aérenchyme du tissu foliaire?

Voulue ou ignorée, cette similitude, comme le montre l’artiste, fait de l’architecture de la serre un reflet de l’invisible, une mise en lumière de l’architecture cachée sous la lisse surface de la feuille déployée.

Structures qui se font écho, se complètent, s’embellissent, s’harmonisent… Victoria amazonica ne peut survivre sans les eaux chauffées de son bassin rond, sans la chaleur, l’atmosphère tropicale de la serre… Atmosphère douce, chaleureuse, englobante qui, dès la porte fermée, vous emportait loin… voyage immobile dans ce cocon lumineux verdoyant… Mais sans la serre, pas de porte à fermer. Et les feuilles du nénuphar géant s’en vont à vau-l’eau…

 

Victoria amazonica (Poepp.) J.C. Sowerby, Nymphaeaceae, the largest water lily in the world! Originally named Victoria regia Lindl., In honor of Queen Victoria who had just reached the throne (in 1837).

This aquatic species is native to the basins of the Amazon River. Its leaves can reach 3m in diameter, forming immense trays, floating peacefully on the surface of the basins (the English call them “tea trays”). The upper side is green, smooth, shiny, covered with a wax on which the water slides… In contrast, the underside is not smooth and reveals a remarkable architecture! A network of protuberant rigid ribs radiates from the petiole of the leaf, the center of the plateau. These ribs are reinforced by multiple transverse rays.

The structure of the fabric that makes up the leaf itself is amazing, many air gaps, like “voids” filled with air, optimize the flotation. All of this together provides flexibility, strength and stability to these huge leaves.

The dodecagonal greenhouse, or “Victoria Haus”, renamed “Greenhouse Bary”, was built purposely to accommodate the giant water lily. Its glass structure, comprised of twelve sides, houses a large round pond dedicated to the culture and development of the royal water lily.

Was the architect inspired by the fascinating structure of the underside of these leaves to elaborate this structure of glass and metal? Round like a leaf of Victoria, but 12 sides, 12 “ribs” of metal which are both light and strong, like the lignified rigid ribs which underlie the leaf? Transparent glass as the aerenchyma of leaf tissue?

Consciously or not, this similarity, as the artist portrays, makes the architecture of the greenhouse a reflection of the invisible, an illumination of the architecture hidden beneath the smooth surface of the unfolded leaf.

Structures that echo, complement, embellish, harmonize… Victoria amazonica would not survive without the heated waters of its round basin, without the heat, the tropical atmosphere of the greenhouse… Soft, warm, all-encompassing atmosphere that, as soon as the door closes, transports you far away… as a motionless journey in this luminous cocoon of green… But without the greenhouse, no door to close. And the leaves of the giant water lily are in peril…