Christian Voltz


Christian Voltz
Greffe
Technique mixte

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Philippe Lavalle
Biochimie / biophysique
INSERN

Il y a plus de 3000 ans, à l’époque des Pharaons, des prothèses en carton, cuir et bois étaient déjà élaborées pour reproduire un orteil. En plus d’un rôle esthétique, il semble que ces prothèses avaient un rôle fonctionnel en permettant de retrouver une marche normale. L’homme a toujours été tenté de remplacer les parties de son corps défaillantes, accidentées, amputées, ou simplement de restaurer des capacités physiques qui, au cours de sa vie, tendent à diminuer.

Le maintien d’un corps “normal”, c’est-à-dire où tous les organes et tous les membres sont présents et intacts d’apparence est probablement la première préoccupation du “regard” des autres. Ensuite, la fonctionnalité est probablement le paramètre de vie le plus important pour le premier concerné: le malade, celui qui est “anormal”, blessé et souffrant, celui qui ne voit pas, qui n’entend pas, qui respire mal, ou bien qui ne marche plus.

Le maintien des cinq sens, voilà qui est essentiel. Le goût et l’odorat altérés qui ne perçoivent plus les aliments, la vue diminuée voire disparue, le toucher qui n’est plus possible, ou l’ouïe qui s’est envolée et qui isole l’Homme. Mais une prothèse de main pourra-t-elle un jour restaurer cette sensation du toucher? Un implant orthopédique pourra-t-il un jour ressentir la chaleur du soleil, la transmettre au corps entier, le faire transpirer? pourra t’on mieux entendre avec des implants cochléaires qu’avec nos oreilles natives?

Les végétaux et les animaux sont toujours sources de matériaux pour reconstruire l’homme. On peut, par exemple, citer le chitosane, un composant de la coquille de crabe qui permet la fabrication d’hydrogels qui serviront à réparer des tissus. Dans la même idée, l’alginate, un composant issu des algues marines fait l’objet de beaucoup d’études. Finalement, il a fallu plus de 3000 ans à l’homme pour boucler la boucle: les Pharaons ont laissé de fragments de bois ou de peaux d’animaux à reconstruire, nous repartons de ces mêmes composants dorénavant mais en utilisant ces composants à une échelle moléculaire. Du centimètre au nanomètre, les objets de départ sont identiques mais un million de fois plus petits, tout cela en 3000 ans d’histoire.

Dents, os, cœur, poumon… tout se répare ou presque, par des matériaux et/ou des greffes. Mais tout reste à faire, rien n’est parfait et jusqu’où faut-il le faire? Un esprit sain dans un corps défaillant risque-t-il de devenir un jour un corps “augmenté” dans un esprit défaillant?

More than 3000 years ago, during the reign of the Pharaohs, cardboard, leather and wood prostheses were already developed to reproduce a toe. In addition to an aesthetic role, it seems that these prostheses had a functional role to restore normal walking. Men have always been tempted to replace body parts that are failing, broken, amputated, or simply to restore physical abilities that, in the course of a lifetime, tend to diminish with age.

The maintenance of a “normal” body, that is, where all the organs and limbs are visibly intact, is a primary concern in light of the image we project to others. Then, functionality is probably the most important life parameter for those concerned: the patients who are ill, the “abnormal”, handicapped, hurt and suffering, the blind or deaf, or those who can’t breathe, or walk.

To maintain the five senses is essential. An altered sense of taste and smell which impedes the perception of food, disorders of sight, or a lack of touch or hearing isolates these victims. But will a hand prosthesis restore the sensation of touch one day? Will an orthopedic implant ever be able to feel the heat of the sun, transmit it to the whole body, make it sweat ? Can we hear better with cochlear implants than with our native ears?

Plants and animals have always been sources of materials to rebuild men. One example is chitosan, a component of the crab shell that is used to produce hydrogels in order to repair tissue. In the same way, alginate, a component derived from marine algae is the subject of many studies. It has taken humans over 3000 years to come full circle: the Pharaohs left fragments of wood or animal skins for their reconstruction, we now start from these same components, but use them on a molecular scale. From centimeter to nanometer, the primary objects are identical but a million times smaller, all this in 3000 years of history…

Teeth, bone, heart, lung,… everything is repaired or almost, by materials and/or grafts. But everything remains to be done, nothing is perfect and how far does it go? Can a healthy mind in a failing body ever become an “improved” body in a failing spirit?